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Documentation

Testimonials

As the Saint-Camille Association has been operating exclusively in French-speaking African countries, only a limited amount of additional information in English is available at this time. There does exist however one brief report by the New York Times, and there is also some information available from the Aurora Foundation on Grégoire Ahongbonon, who as of this writing is one of five finalist candidates for its 2021 Humanitarian prize. As the Saint-Camille Association becomes better known, we expect to be able to provide additional documentation in English. 

Ouf…!! – témoignage de Marie-José

Je reviens d’une semaine au nord du Bénin. Je suis partie en autobus samedi matin pour Djougou, un voyage de 12 heures sans aucune panne!!!!

William et Camille, deux psychiatres français très sympa et impliqués, y étaient et dimanche j’ai assisté aux consultations. Puis ils m’ont invitée à les suivre pour une tournée des centres de relais soit des dispensaires déjà existants où on réfère les gens pour un suivi externe. La Saint-Camille est en train de mettre en place ce réseau de petits centres pour éviter que les gens aient de grandes distances à parcourir pour leur suivi. Partis dimanche à 16:00, on arrive à Materi, le bout du monde et on couche chez les sœurs où ont lieu les consultations. Bilan de la journée: on a vu 115 patients dont seulement 4-5 parlaient français, on travaille avec des interprètes…, tout un sport ! Il a fallu louer une camionnette pour y mettre 8 patients dont trois enchaînés avec un membre de la famille. Dans notre boîte de camion, nous en avions déjà 3 + la famille. Pascaline, l’infirmière, a fait des intra- veineuse de valium sur le bord de la route pour que tous ces grands malades soient calmes et que personne ne se jette en bas du camion. Les gens enchaînés nous ont été amenés par leur famille avec soulagement car comment contenir un grand gars comme Simon qui hallucine et qui, croyant qu’on veut le tuer, se défend plus qu’énergiquement. Je suis allée chercher un de ces enchaînés en 4×4 avec Pascaline au fond de la savane.

Mardi, autre journée de centre de relais dans un centre beaucoup mieux organisé et on a fini ca à la buvette de Wewe qui était notre fantasme de puis 3 jours. Dédaigneux s’abstenir…! Mercredi, on remet le collier et c’est un camion de prisonnières qui nous arrive pour évaluation grâce à un avocat soucieux et préoccupé pour elles. Des femmes accusées de sorcellerie et d’autres de meurtre qu’elles ont commis pendant un épisode psychotique. Ouf! On a besoin de 2 personnes interprètes qui traduisent dans un premier dialecte et ensuite dans un autre puis enfin en français… ! C’est plutôt laborieux !

Hier (jeudi ), 12 heures de route avec Abiba une déficiente intellectuelle de Djougou qui s’est gravement brûlée et que nous amenons se faire traiter à l’hôpital de Davogon qui s’occupe des brûlés et des lépreux. Elle est ravie de son voyage et ne souffre pas grâce aux puissants analgésiques que lui ont donnés William et Camille. En plus, arrêt au centre de Bohicon pour quelques consultations et ré-départ. Quelques minutes plus tard, Félix (directeur du Centre) nous appelle pour qu’on l’amène à Porto-Novo. Il monte en moto-taxi (zem) et vient nous rejoindre. Mais il manquait tout de même une péripétie à notre semaine, devinez laquelle? Un problème avec la voiture! 18:15, c’est fait : on a un pneu qui éclate mais heureusement nous avons un pneu de secours ce qui n’est pas toujours certain en Afrique… !

Parcours de Marie-Espoir à la Saint-Camille

En Mars 2007, Grégoire, fait les rues de Cotonou avec des ‘’Amis bretons’’ en visite et deux infirmiers. Nos amis sont très étonnés de cette démarche… mais ils comprennent pourtant que les malades dans la rue peuvent y rester « à vie » si personne ne vient les chercher… Alors !… Parmi les 3 personnes récupérées ce jour, une jeune femme (difficile de lui donner un âge)… Elle se défend fortement…, mais après les premiers soins à Avrankou, elle participe peu à peu à la vie dans le Centre (180 à 200 malades). Elle souhaite rejoindre sa famille qui, dit-elle, est au Togo. Nous ne connaissons d’elle que son nom : Anne-Marie Adjababa et celui de son village au Togo. Les mois passent, elle va de mieux en mieux, elle est consciente qu’il lui faut poursuivre sans arrêt son traitement. Progressivement son état nous permet avec elle, d’envisager un retour en famille ! Mais ceci nécessite un accompagnement… une malade guérie ne peut aller seule à la recherche de sa famille… la Saint Camille se doit de l’accompagner jusqu’au bout. Ça y est, c’est le jour : dimanche, le 10 janvier 2010.C’est le départ avec Grégoire, Sr Johanna, Louise, Amadji (directeur du centre). Arrivée à la frontière du Togo (au nord de Bassila), Grégoire explique aux gendarmes-douaniers notre but: retrouver la famille de cette femme ramassée malade dans une rue de Cotonou voici bientôt 3 ans et soignée au Centre St Camille d’Avrankou au Bénin. Impressionné, l’un d’eux demande le nom de la femme. En entendant ADJABABA, il s’étonne et nous accompagne jusqu’au prochain village où, dit-il, se trouve une famille ADJABABA. Voilà qu’arrivés au village, certains reconnaissent Anne-Marie et vont chercher le « vieux papa » ! Il arrive, avec sa canne… il pleure en appelant sa fille : ‘’Marie-Espoir…, Marie-Espoir… !’’ C’était son nom… Anne-Marie (maintenant Marie-Espoir) hésite, elle reste silencieuse, puis s’approche de son papa…arrivent ensuite les sœurs, les frères, des enfants…et les villageois ! Nous entendons le vieux papa répéter « Dieu est grand, Dieu est grand…, ma fille, mon espoir est revenue ! ». C’est à la fois la joie et les pleurs, puis les photos et plus de détails sur la famille, l’histoire de Marie-Espoir qui apprend qu’elle va être grand’mère dans quelques jours. Sa fille est mariée et son fils est là, il a 19 ans. Elle ne nous avait pas dit qu’elle s’était mariée avec un gendarme, ami de ceux qui nous ont accompagnés, qui a été tué lors des émeutes au Togo. Elle a quitté le village il y a 9 ans… où était-elle partie… ? La famille l’avait fait rechercher et ne croyait plus la revoir un jour ! Ensemble, nous rendons grâce à Dieu pour ce retour inespéré !

Mon voyage parmi les oubliés des oubliés

Dimanche, 13 juillet 2008. J’atterris en terre africaine, au Bénin plus précisément. La première chose qui me vient en tête à ce moment-là : Qu’est-ce que je fais ici? Une foule d’africains me regarde traverser l’aéroport avec des yeux ahuris : Mais qu’est-ce que cette jeune blanche fait ici, seule??? La réponse était simple : Je viens voir la différence, mais surtout je viens voir les malades mentaux… Ces malades qui sont délaissés, abandonnés et rejetés. Ces malades qui, s’ils seraient au Québec, auraient la chance d’être traités, logés et nourris, comme il se doit. Mais la réalité en Afrique est toute autre : les malades, s’ils ne sont pas attachés à un arbre, errent dans les rues, souvent complètement nus, à la recherche d’une âme généreuse qui les prendra sous son aile. Cette âme généreuse, c’est Grégoire. Le fondateur de l’Association St-Camille de Lellis, qui fait un travail remarquable, digne d’un saint. Il va au devant des malades, il les accueille, il leur donne un toit, il les nourrit et il les traite. Et tout ça, il réussit à le faire avec, pour seule aide, la Providence.

Les centres d’accueil pour les malades ressemblent à une cour d’école. Plusieurs personnes, se trouvent dans la cour, à attendre que le temps passe, à danser, à chanter, à discuter ou à prier. Tous cohabitent dans ce refuge. Non seulement ils cohabitent, mais en plus ils s’entraident. Qui de mieux placé qu’un ancien malade pour comprendre ce qui arrive à un autre malade. C’est sur cette façon de voir les choses que les centres fonctionnent : les travailleurs (les infirmiers, les responsables, les personnes travaillant à l’accueil, les aides soignants) sont, en majorité, des anciens malades. Et certains malades, encore en traitement au centre, ont la motivation grandissante d’aller faire leurs études en soins infirmiers afin de revenir travailler au centre et aider les autres. Ce sentiment de solidarité entre les malades nous fait voir la St-Camille comme une grande famille. Voilà comment je me suis sentie : je suis devenue un membre à part entière d’une grande famille! Et ce à une vitesse fulgurante! L’accueil qui m’a été réservé était exceptionnel! Exceptionnel oui, mais un peu apeurant je vous dirais. J’étais en quelque sorte un espoir pour eux… parce qu’en ce moment, l’espoir est tout ce qu’ils ont. Ils espèrent recevoir de l’aide du gouvernement pour manger et être traité, ils espèrent être accepté un jour dans la société au même titre que quelqu’un qui est malade physiquement et ils espèrent guérir… chose qui s’avère difficile en santé mentale.

La santé mentale en Afrique est totalement différente de la nôtre, tant dans son acceptation que dans son traitement. Tout d’abord, les personnes atteintes d’une maladie mentale, que ce soit la schizophrénie ou la dépression, sont rejetées par leurs proches et ce pour toute sorte de raisons. Certains parlent de forces du mal, d’autres de génies, d’autres de transgressions de règles religieuses. Les charlatans tentent plusieurs ‘’thérapies’’ avec des ‘’potions’’ pour libérer le malade de son mal. Lorsque ceux-ci échouent, ce qui est le cas la plupart du temps, les familles se tournent vers les médicaments vendus au bord de la rue et font de l’automédication ce qui rend, en général, encore plus malade le principal concerné. Lorsque toutes ces techniques ont échouées, on pense à consulter la Saint-Camille si on a eu la chance d’en entendre parler… sinon on attache le malade ou on le rejette.

En ce qui concerne le traitement, la cohabitation de plusieurs cultures différentes dans chaque pays rend son approche encore plus difficile. Le psychiatre du centre de Bouaké en Côte d’Ivoire applique le principe de l’ethnopsychiatrie pour soigner ses malades. En fait, puisque les médicaments et les médecins n’ont pas une très grande place dans l’estime de la population africaine, la plupart des malades ne suivent pas le traitement recommandé et les indications du docteur, ce qui augmente à un taux impressionnant le nombre de rechutes. Pour contrer ce phénomène, le psychiatre traite à la fois l’étiologie médicale et l’étiologie culturelle. Il demande à la famille se qu’ils croient être à l’origine de la maladie (par exemple les génies) et intègrent une composante dans le traitement qui est dirigée vers cette cause (par exemple un rituel) en plus des médicaments. Ainsi, la compliance des patients face à leur traitement est beaucoup plus grande.

Cette aventure au sein de l’Association St-Camille fut remplie de surprises! Mais chaque moment, qu’il soit bon ou mauvais, me fit grandir en tant que personne et en tant que future professionnelle de la santé. Je retiens plusieurs choses de mon voyage : Quoi que vous fassiez, faites-le corps et âme! Faites confiance à la vie! Gardez toujours espoir! Soyez solidaires! Et surtout… offrez, donnez et allez vers les souffrants quels qu’ils soient! Faites quelque chose parce que vous le pouvez! Il ne faut pas oublier que dans nos rues aussi nous pouvons retrouver des malades mentalement ou physiquement qui souffrent et qui n’attendent qu’une bonne âme pour les sortir de leur misère… cette bonne âme, c’est peut-être vous! Alors, n’ayez pas peur lorsque vous faites face à la différence, au contraire, foncez vers elle! Et vous apprendrez… plus que vous pouvez l’imaginer!